- junio 27th, 2013 |
Vos enfants vous demandent toujours de leur raconter des histoires. Comment le leur refuser ? Réservez la lecture pour un moment privilégié de la journée, et seulement s’ils sont calmes. Choisissez un coin confortable pour vous asseoir ensemble, montrez les illustrations et expliquez-leur ce qu’ils ne comprennent pas. Modulez votre voix et adaptez votre débit en fonction de la narration. Laissez-les vous poser toutes les questions qu’ils souhaitent, et lorsqu’ils seront plus âgés, emmenez-les à la bibliothèque afin qu’ils choisissent eux-mêmes leurs lectures. Mais en attendant, voici quelques histoires courtes pour vous plonger ensemble dans le monde de l’imaginaire…
L’arbre magique (pour enfants de 2 à 3 ans)
Il y a très, très longtemps, un petit garçon, passant dans une prairie, rencontra un arbre avec une pancarte où il était écrit : « Je suis un arbre enchanté, prononce les mots magiques et tu verras. »
Le garçon, bouche bée devant cet arbre et voulant à tout prix découvrir le sortilège, essaya d’abord « abracadabra ». Puis « sésame, ouvre-toi », « supercalifragilisticexpidélilicieux », « tournicoti tournicota » et bien d’autres, mais il ne se passait rien.
Rendu, abattu, épuisé, il se jette à genoux et supplie : « S’il te plaît, petit arbre ! », et soudain, une grande porte s’ouvrit dans l’arbre. Tout était plongé dans la pénombre là-dedans, sauf un panneau sur lequel était écrit : « Continue de prononcer les mots magiques ». Le petit garçon dit alors « Merci, petit arbre ! » et aussitôt, une lumière s’alluma dans l’arbre et éclaira un chemin qui menait à une immense montagne de jouets et de chocolats.
Le petit garçon put y emmener tous ses amis, et ils firent la plus belle fête du monde. Et c’est depuis ce jour que l’on dit de « s’il te plaît » et « merci » que ce sont les mots magiques.
Le bon pirate (pour enfants de plus de 6 ans)
Manos Largas était un petit garçon pirate : son père était pirate, ainsi que son grand-père et son arrière-grand-père. Lui n’avait jamais volé ni pris d’assaut le moindre bateau, mais tous dans sa famille étaient convaincus qu’il ferait un grand pirate.
Mais Manos Largas n’avait au fond aucune envie de voler les gens. Il le savait depuis le jour où l’un de ses oncles lui avait volé son jouet préféré. Il ne s’en était jamais remis.
En grandissant, le bon Manos Largas commença à éprouver de l’angoisse à l’idée que sa vraie nature de pirate surgisse à tout moment et qu’il ne puisse s’empêcher de voler et de piller les bateaux.
Chaque matin, au réveil, il se regardait longuement dans le miroir pour voir si la transformation qu’il redoutait tant s’était produite. Mais chaque matin, il conservait ce même aspect de bon garçon que le jour d’avant.
À force, tous se rendirent compte que Manos Largas n’était pas un pirate comme les autres, mais nul n’osait se l’avouer, tant la tradition familiale comptait de pirates exceptionnels. « C’est juste que c’est un gentil pirate », disaient-ils, et ils continuaient à dire ça alors que Manos Largas avait étudié la médecine et qu’il se consacrait à soigner les malades à la ville. Pourtant, chaque matin, Manos Largas continuait de s’observer dans la glace par crainte de se transformer en pirate.
Jusqu’à ce qu’un jour, se voyant vieux monsieur, et contemplant ses enfants et ses petits-enfants, il réalisa qu’aucun d’eux n’était devenu pirate. Il comprit alors que ni lui ni personne n’était obligé de devenir pirate ou quoi que ce soit d’autre. Chacun pouvait choisir librement ce qu’il souhaitait être dans la vie ! Et lui, qui avait été ce qu’il avait choisi, était justement très heureux de ne pas avoir choisi la piraterie.
Les enfants de couleur (pour enfants de 2 à 4 ans)
Il était une fois deux jolies petites filles, l’une s’appelait Branda et sa sœur, Nadira. Toutes deux aimaient beaucoup aller au parc faire de la balançoire et du toboggan. Mais un jour, elles virent au parc trois enfants étranges : l’un avait la peau noire comme le chocolat, l’autre était très pâle, presque jaune, et le troisième était rouge comme une tomate.
Branda et Nadira, apeurées, se mirent à l’écart, n’osant pas s’approcher des enfants, quand soudain apparut le gnome du parc :
– Pourquoi ne jouez-vous pas aujourd’hui, mes mignonnes ?
– Parce qu’il y a des enfants de couleur et ils nous font peur, répondirent-elles.
Le gnome leur posa une autre question :
– Avez-vous remarqué la nouvelle fontaine du parc ?
– Non, mais qu’est-ce que cela a à voir ?
– Et bien, beaucoup, répondit le gnome, venez avec moi et vous verrez.
Il les mena jusqu’à la nouvelle fontaine. C’était gigantesque ! L’eau jaillissait jusque vers les nuages et retombait en une énorme cascade. Dans leurs petites mains, Branda et Nadira prirent un peu d’eau et la goutèrent. Elle était fraîche et pure. Soudain, la lumière changea sous l’effet de projecteurs lumineux : l’eau semblait rose intense, elle ressemblait à un grand milk-shake à la fraise …
– Goûtez l’eau!, ordonna le gnome.
Elles burent, et l’eau avait le même goût qu’avant. La lumière changea encore, et cette fois l’eau était verte comme la menthe. Puis elle devint marron comme le chocolat. Et jaune comme la vanille. Chaque fois, les deux fillettes goûtaient l’eau, et chaque fois l’eau avait exactement le même goût. Le gnome leur expliqua que même lorsque l’eau apparaissait dans des couleurs différentes, elle était en fait toujours la même eau fraîche et pure. De même, ces autres enfants, de couleurs différentes car d’origines différentes, n’en étaient pas moins des enfants, et ils souhaitaient certainement se faire des amis et jouer.
Branda et Nadira allèrent trouver les enfants de couleur et ils commencèrent à jouer ensemble. Ils s’amusèrent comme des fous ! Eux leur apprirent des jeux et des chansons de leurs pays, et elles, les jeux de leur propre pays. Quand le soleil commença à se coucher, tous les enfants rentrèrent chez eux se reposer, et seul le gnome resta, comme chaque jour, pour veiller sur les balançoires, la fontaine et le parc, afin que le lendemain, tous les petits de toutes les couleurs puissent continuer à jouer ensemble. Et rouge, jaune, noir, c’est la fin de cette histoire !
La queue du lion (pour enfants de plus de 6 ans)
Dans un petit village vivait un petit garçon nommé Léo. C’était un garçon tout petit et tout mince qui vivait avec la peur au ventre, car il se faisait sans cesse embêter par les vilains garnements d’un village voisin qui voulaient s’amuser à ses dépens.
Un jour, un jeune magicien de passage au village vit comment le petit garçon se faisait embêter. Quand les vilains gaillards furent partis, il s’approcha de Léo et lui fit cadeau d’une magnifique queue de lion, avec une petite ceinture pour l’attacher à la taille.
– C’est une queue magique. Quand la personne qui la porte agit avec courage, cette personne se transforme en un lion majestueux.
Léo avait assisté quelques jours auparavant aux démonstrations de pouvoirs du jeune magicien, il le crut donc sur parole. À partir de ce moment, il décida de porter la queue du lion toujours accrochée à sa ceinture. Il attendait ainsi que réapparaissent les vilains garçons pour leur donner une bonne leçon…
Mais lorsque ceux-ci firent leur apparition, Léo prit peur et tenta de s’enfuir. Il fut vite rattrapé et encerclé. Les moqueries et bousculades habituelles fusaient déjà, quand tout à coup, Léo sentit la queue du lion qui pendait à sa ceinture. Alors, réunissant tout son courage, le petit garçon se redressa de tout son corps, serra fortement les poings, releva la tête, regarda fixement droit dans les yeux chacun de ses assaillants, et avec tout le sang-froid et la fierté du monde réunis, il jura que s’ils ne le laissaient pas tranquille immédiatement, il le leur ferait payer. Aujourd’hui, demain ou n’importe quel autre jour…et il continuait de les fixer droit dans les yeux de son regard le plus sévère, prêt à mettre sa menace à exécution.
Léo ressentit un grand frisson. Ce devait être le signe de sa transformation en lion, parce qu’il vit le visage des garçons se décomposer. Tous firent un pas en arrière, se jetèrent un regard inquiet, et finirent par partir en courant. Léo eut envie de leur courir après et de les réduire en miettes avec sa nouvelle apparence, mais dans son mouvement, il sentit que ses jambes étaient toujours aussi petites que d’habitude, et il dut abandonner l’idée.
Un peu plus loin, le magicien avait observé la scène en souriant, et il courut féliciter Léo. Le petit garçon était très content, bien qu’un peu déçu, car sa transformation en lion n’avait pas duré assez longtemps pour lui permettre de se battre contre les vilains garçons.
– De toute façon, tu n’aurais pas pu, lui dit le magicien. Personne n’ose se battre avec les lions. Rien qu’en les voyant, on sent à quel point ils sont fiers et courageux, alors on les fuit. As-tu déjà vu un lion se battre ?
Non, effectivement. Il ne se souvenait pas avoir déjà vu un lion se battre. Léo resta pensif, contemplant la queue du lion. Alors il comprit. Il n’y avait eu aucune magie, aucune transformation, rien. Rien d’autre qu’un ami qui lui avait montré que les petits tyrans et les créatures lâches n’osent jamais se mesurer vraiment à un garçon courageux.
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